La sécurité des grands chantiers en question
C’est devenu l’un des rdv incontournables des responsables RH du BTP : le Batiactu RHDay, organisé par le groupe de presse Batiactu, a organisé une journée de débats et d’informations sur ce thème, le 14 novembre à Paris. Fabrice Thierry, le président de la commission Prévention Santé Sécurité d’EGF, y est intervenu dans le cadre d’une table ronde qui avait pour thème la sécurité des grands chantiers, aux côté d’Anne Audic, la sous-directrice adjointe des conditions de travail, de santé et de sécurité à la direction générale du Travail, d’Emmanuel Musche, le directeur Grandes Entreprises de l’OPPBTP et de Laurent Juillard, le patron de la direction opérationnelle des infrastructures linéaires et terrassements chez Eiffage Génie Civil.
Le BTP doit encore progresser
Si tout le monde s’accorde sur le fait qu’un important dispositif de mesures de prévention des risques professionnels a réduit très nettement le nombre d’accidents du travail et des différents types de risques associés dans le BTP, au cours des 30 dernières années, il n’en demeure pas moins que le secteur reste l’un des plus sinistrés (56 accidents du travail enregistrés pour 1 000 salariés contre 34 tous les secteurs confondus, selon les chiffres de la sécurité sociale) et que l’effort doit se poursuivre. A fortiori sur les grands chantiers où se concentre un grand nombre de collaborateurs, parmi lesquels des intérimaires et des jeunes généralement moins formés aux fondamentaux de la santé sécurité.
Instaurer une culture projet au sein des entreprises
En matière de statistiques, les entreprises générales n’ont pas à rougir. Elles affichent un taux d’accident trois fois inférieur à celui des entreprises du BTP. Ces bons résultats proviennent, selon Fabrice Thierry, d’une culture sécurité fortement ancrée dans l’organisation des entreprises générales. C’est d’ailleurs, selon d’Emmanuel Musche, la clé du progrès dans ce domaine, lequel prône la mise en place d’une véritable « culture projet » au sein des organisations : « Il faudrait un référentiel commun et le partage de bonnes pratiques sur les trois grands cas d’accidents que sont la hauteur, le levage et les interfaces piétons », a-t-il déclaré.
Former les nouveaux arrivants
La formation des intérimaires à la santé sécurité, et plus généralement des nouveaux arrivants sur un chantier, apparaît comme un autre élément important à développer, selon les intervenants. Sur ce point, la direction du Travail collabore actuellement avec les préventeurs, les lycées professionnels et les établissements supérieurs en vue de créer une formation obligatoire à la sécurité sur le chantier, à l’image des formations sur le code de la route, pour les jeunes. Le PASI BTP ®, le dispositif développé par EGF qui forme les intérimaires aux fondamentaux de la santé sécurité pendant deux jours, a également été cité comme un outil intéressant qui donne des résultats très encourageants : les intérimaires formés au PASI BTP ® ont ainsi quatre fois moins d’accidents que les intérimaires non formés. Emmanuel Musche y voit une formation dédiée qui apporte, en outre, de la considération. Une difficulté demeure toutefois, selon Laurent Julliard : celle de trouver 100% d’intérimaires formés au PASI BTP ®. Cet écueil peut être évité, selon Fabrice Thierry, par l’anticipation des besoins car « Les entreprises de travail temporaire ont largement la capacité de proposer un plus grand nombre d’intérimaires formés au PASI », affirme-t-il.
Encadrer et former
Au-delà du PASI BTP ®, qui n’enlève en rien la nécessité d’accueillir et de former le personnel sur le chantier, tous les intervenants plaident pour la généralisation d’actions collectives de prévention en direction des publics à risque. Ainsi, chez Eiffage Génie Civil, un tuteur est désigné au sein de chaque équipe pour les surveiller, en particulier les personnes en insertion professionnelle. Pour finir, Anne Audric a insisté sur l’obligation de former régulièrement le personnel. A ce titre, les encadrants ont un rôle important à jouer en faisant preuve de vigilance pour repérer l’usure professionnelle, susceptible de faire faire des erreurs, et proposer des formations adéquates.
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