PPP du plan campus de Marseille : un bilan positif
20 ans après la création des partenariats public-privé, peu d’études ont été publiées, faisant le bilan de ce contrat complexe. De telles analyses mériteraient pourtant d’être disponibles, compte-tenu notamment des critiques récurrentes et virulentes dont le PPP fait l’objet, afin de tirer au clair ses réels avantages et inconvénients sur la base de retours d’expérience désormais à la main des donneurs d’ordre. Le bilan des trois PPP lancés dans le cadre du campus de l’université d’Aix-Marseille fait donc un peu figure d’exception. A la demande de l’IGD (Institut de la Gestion Déléguée), Bertrand Mallet, directeur du pôle des opérations campus de l’université d’Aix-Marseille, a présenté cet inventaire qui s’avère favorable. Que ce soit en terme de qualité architecturale, de qualité de construction, de délai, de budget et même sur le plan économique.
Délais et budgets respectés
Initiée en 2012, le plan campus d’Aix-Marseille comprenait trois grandes opérations complexes :
– la construction d’un laboratoire de recherche océanologique regroupant tous les effectifs en un lieu unique : Océanomed 2 ;
– la réhabilitation en site occupé de plusieurs bâtiments, assortie de la construction d’un nouveau restaurant universitaire et d’un nouveau parking au cœur d’Aix en Provence : « Aix-Quartier des facultés » ;
– la réhabilitation de trois établissements de recherche et laboratoire sur le campus de Luminy.
Dans les 3 cas, les délais et les budgets ont été respectés. Lancé en 2012, Oceanomoed a été livré en 2014 (contrat de maintenance de 25 ans). L’opération « Aix-Quartier des facultés », signée en 2014, a été livrée en 2018, pour un montant de 100 millions d’euros (maintenance 25 ans). Quant à l’opération du campus de Luminy, démarrée en 2016, elle a été livrée en deux tranches en 2018 et 2020, avec pour seul retard à déplorer les deux mois du confinement Covid (58 millions d’euros et 25 ans de maintenance)
Un gain de temps inestimable
Il est encore plus intéressant de souligner que le PPP a permis de réaliser ces trois opérations de grande ampleur en (seulement) 10 ans. Selon Bertrand Mallet, à taille comparable, en marché public classique, la réalisation d’un tel projet aurait nécessité 4 ou 5 Contrats Plan Etat-Région. Sachant qu’un CPER (qui fixe les grandes priorités et orientations de financements entre l’Etat et un conseil régional) s’étale sur plusieurs années, le temps gagné grâce à cette forme contractuelle associant le financement à la conception, construction, entretien et maintenance d’un projet a donc été considérable.
Opération économique bénéfique
Autre point particulièrement remarquable, car c’est un élément qui a souvent été reproché au PPP : le bilan économique favorable du plan campus. L’opération s’est avérée économiquement bénéfique pour l’université d’Aix-Marseille, grâce à la flexibilité du montage qui lui a permis de profiter pleinement de la baisse des taux entre 2012 et 2020 et des prêts de la BEI pour refinancer les projets. Enfin, et c’est au bout du compte, le plus important, « les usagers sont ravis et c’est la finalité den notre métier », a expliqué le directeur du pôle des opérations campus.
Pas de bon PPP sans bon maître d’ouvrage
Ce bilan positif ne doit toutefois pas faire oublier qu’un contrat de cette nature ne peut fonctionner que si le maître d’ouvrage se dote d’une équipe performante en interne. C’est un élément fondamental que Bertrand Mallet a tenu à souligner : « il appartient à la personne publique de mobiliser les compétences pour garantir une bonne gestion contractuelle, administrative et financière du PPP », a-t-il conclu à l’issue de sa présentation devant les membres de l’IGD.
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