Un Livre blanc « Pour une filière de la rénovation globale et performante des bâtiments »
Le Comité Stratégique de Filière Industries Pour la Construction (CSF IPC) a publié un Livre blanc qui formule plusieurs propositions pour faire émerger une filière de la rénovation globale et performante des bâtiments. Présenté par le président du CSF IPC, Pierre-Etienne Bindschedler, le 28 mai à Paris, ce document propose de lancer trois chantiers d’innovation et un programme d’expérimentation, en partenariat avec l’État, les collectivités territoriales, les assureurs et les banques :
1. La garantie de performance : pour le CSF IPC, ce sujet est central pour inciter à la prise de décision car les propriétaires, qu’ils soient publics ou privés, ne seront prêts à investir que s’ils ont l’assurance que les économies prévues seront effectives.
2. L’évolution des modes constructifs : actuellement, il n’y a pas de changement de modèle économico-technique de la filière de la construction en faveur de la rénovation. Pourtant, le savoir-faire pour une rénovation performante existe, comme en témoignent de nombreux exemples.
3. La coordination des acteurs sur les territoires : la territorialisation permettrait l’émergence de champions régionaux de la rénovation globale et performante.
Le CSF IPC appelle, avec le soutien de l’État et des Régions de France, à la mise en place d’un programme d’expérimentation dans deux régions pilotes, le Grand Est et l’Occitanie. Ce programme, intitulé RENOBATI, accompagnerait techniquement et financièrement 20 territoires portant des programmes ambitieux de rénovation performante, intégrant tous les types de bâtiments (maisons individuelles, copropriétés, tertiaire public, tertiaire privé, parc social, passoires thermiques, etc.).
Selon le CSF IPC la France ne pourra atteindre la neutralité carbone en 2050 sans une contribution significative du secteur de la construction. En effet, le bâtiment représente 44 % de l’énergie consommée en France et émet plus de 123 millions de tonnes de CO2 chaque année, ce qui le place bien avant le secteur des transports en termes d’impact environnemental. Mais malgré les efforts du dispositif France Rénov, les résultats ne sont pas au rendez-vous. La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) prévoit la rénovation performante (au niveau BBC) de 500 000 logements par an jusqu’en 2030, puis 900 000 entre 2030 et 2050. Or, en 2023, seuls 50 000 logements environ ont été rénovés de manière performante, un chiffre bien en deçà des objectifs fixés. C’est pourquoi, face à l’importance de l’enjeu, le CSF IPC propose de changer de méthode pour faire émerger une véritable filière de la rénovation des bâtiments, à l’image de celle que vit actuellement l’industrie automobile avec le passage du thermique à l’électrique. L’enjeu est crucial selon elle.
Pour atteindre les 900 000 rénovations de logements par an, la filière doit gagner en productivité grâce à un ambitieux programme d’innovation de rupture, notamment par sa numérisation. Cependant, cette condition nécessaire ne sera pas suffisante. La création d’une telle filière dépendra également d’une évolution en profondeur de l’implication des assurances et des banques.
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